4.1 Une théorie bien définie
Le risque de marché représente le risque auquel est
confronté un investisseur en raison de l'incertitude qui
pèse sur les évolutions défavorables du cours
des titres qu'il possède dans son
portefeuille. De ce fait, un critère d'évaluation du
risque de marché tel que la VaR ne doit prendre en
compte que le risque de perte.
4.1.1 Une définition simple
Considérons un actif dont la valeur à un instant
t est notée Vt.
On définit alors la perte2
subie sur cet actif durant une période [s;t] par
On suppose par ailleurs que la valeur de cet actif
et donc des pertes associées à cet actif
évoluent de manière stationnaire.
Ainsi on peut remplacer l'intervalle [s;t] par l'intervalle
[0;t-s] et la variable L n'aura plus pour indice que la seule
durée de l'intervalle.
La Value at Risk de l'actif pour la durée t et le
niveau de probabilité q se définit comme la perte
encourue maximale sur cet actif durant l'intervalle [0;t] pour une
probabilité de (1 - q) :
|
Pr | [Lt > VaR] = 1 - q
Û |
Pr
| [ Lt £ VaR] = q |
|
Il existe donc deux paramètres dans la définition de la
notion de VaR : la durée t et la probabilité
q. En pratique, on fixe une fois pour toute la durée de
calcul de la VaR (un jour, une semaine ou un mois) et on
calcule la VaR3
en fonction de la probabilité q.
Toutefois, cette définition pose un certain
nombre de problèmes liés notamment à l'existence
et à la caractérisation
de la fonction de densité. Pour les variables discrètes
par exemple, la VaR n'est pas définit de façon
précise et dans le cas où q
correspond à un saut de la fonction de
répartition, aucune valeur de la perte ne peut convenir.
De la même manière, lorsque
q correspond à un palier
de la fonction de répartition, une infinité de valeurs
conviennent et on choisit, par sécurité, de prendre la
valeur la plus défavorable, c'est à dire la plus grande.
De ce fait, la définition rigoureuse de la VaR
s'écrit alors sous la forme :
VaRq = |
max
| |
ì í î |
V : |
Pr
| [Lt £ V]
£ q |
ü ý þ | |
|
Remarque : lorsque la variable aléatoire Lt suit une
loi normale de moyenne m et d'écart type
s, on peut écrire :
|
Pr
| |
é ë |
Lt - m
s
| £
|
VaRq - m
s
| ù û
| = q |
|
Et si on note zq le quantile d'ordre q de la distribution
normale, on obtient une formule très simple de la VaR :
4.1.2 VaR d'un portefeuille
Considérons un portefeuille constitué de N actifs en nombre
respectifs n1,... ,n2.
Si on note pj le prix du jème
titre et pp le prix du portefeuille, la
variation relative de prix du portefeuille obéira à la
relation :
où
Dp = (p
t - p
t - 1) /
(p
t - 1).
Le choix d'une variation relative sur une variation absolue permet
d'une part de relativiser le poids des différents facteurs
pouvant intervenir dans l'évaluation d'un portefeuille, et
d'autre part, de fournir une variable pouvant posséder
certaines propriétés distributionnelles.
Mais, il n'est en général pas possible de déduire la
loi de probabilité du portefeuille et ce même si on
connaît la distribution des différents Dp. La loi de probabilité d'une somme de variables aléatoires n'est
aisée à déterminer que si celles-ci sont
indépendantes, ce qui n'est bien évidemment pas le cas ici.
Cependant, si on suppose une distribution normale du portefeuille,
on peut aisément déterminer la VaR de ce dernier
à partir des deux premiers moments :
VaRq = - E[Dpp] + zq
s(Dpp) |
|
On détermine alors les deux premiers moments de la
distribution des variations du portefeuille :
| |
|
| |
| |
|
|
N å
i = 1
|
|
N å
j = 1
|
ni nj Cov(Dpi,
Dpj) |
| |
|
Remarques : L'utilisation de cette relation présente cependant
deux inconvénients majeurs : d'une part, elle suppose la
normalité de la distribution du portefeuille, et d'autre part,
elle nécessite de connaître un grand nombre de paramètre
(au total N*(N+3)/2).
En pratique, la loi de distribution des portefeuilles est rarement
normale et possède des queues de distribution beaucoup plus
épaisses que celles d'une loi normale4.
Les distributions leptocurtiques, les lois de Laplace et les lois astables
de Levy sont généralement plus appropriées.
Par ailleurs, la taille des portefeuilles dans les
sociétés de gestion est en général très
importante (une centaine de lignes environ) et ce pour des soucis
de réduction du risque globale par diversification. Dans le
cas d'un portefeuille possédant N = 100 titres
différents par exemple, il faut connaître un nombre de
paramètres très important : au total 100*(100+3)/2 = 5150.
4.2 Estimation de la VaR
La présentation du critère VaR telle que nous l'avons
faite, montre qu'il est relativement aisé de déterminer la VaR
dès lors que l'on connaît la fonction de répartition de la
variable aléatoire "perte". Trois méthodes de calcul de la VaR
ont fait leur preuve à l'heure actuelle : la méthode
de l'analyse historique, la méthode de la matrice des
variances-covariances estimée et la technique de simulation de
Monté Carlo. Les trois hypothèses principales qui
permettent de différencier ces techniques
d'estimation portent sur la distribution des prix des actifs, sur les
modèles d'évaluation des prix des actifs et enfin sur la stationnarité
des variations de prix des différents facteurs de risque.
Les schémas directeurs de ces trois méthodes d'estimations
sont résumés dans la figure ci-dessous :
4.2.1 Une première étape obligatoire
L'étape préliminaire consistant à choisir les facteurs
de risque sur lesquels vont être projetés les
différentes lignes des portefeuilles est primordiale. Il
existe, en effet, un nombre important de titres et de produits
dérivés, et ce, sur différentes places boursières.
Donc un nombre important de taux de change et un nombre tout aussi
important de maturités possibles pour ces produits. De plus,
toutes ces caractéristiques peuvent être combinées et
donner ainsi une infinité de titres possibles.
Le choix des facteurs de risque est l'un des problèmes
les plus épineux que nous ayons rencontré. Il faut, en effet, effectuer
un savant arbitrage entre la précision des résultats, la
cohérence des facteurs retenus, leur interprétabilité
par les gérants et une économie des moyens de calculs.
De ce fait, les facteurs de risque que nous avons décidé
de retenir ne concerne que cinq pays : l'Allemagne, les
États-Unis, la France, le Japon et le Royaume Uni. On trouve :
- Un taux directeur de la courbe des taux : le taux à deux
ans pour les Etats-Unis, le Japon et le Royaume Uni, et le taux
à trois mois pour l'Allemagne.
- La courbe des taux via certains spreads (sauf pour la France).
- Les taux de change par rapport au Dollar (sauf pour la France).
- Un indice boursier (DAX, S&P500, CAC, NIKKEI et FSTE).
Remarque : Pour la méthode de la matrice de variances-covariances estimée,
RiskMetricsTM propose d'utiliser comme facteurs de risque :
- 30 taux de change et 30 indices boursiers nationaux pour la
représentation des actions à l'aide de leur bêta.
- 14 points de la courbe des taux d'intérêt
zéro-coupon pour la représentation des instruments à
taux fixe comme les obligations.
- un panel représentatif de matières premières.
4.2.2 Des besoins spécifiques
Écureuil Gestion a des besoins très spécifiques en matière de
gestion du risque et nous avons été contraint de choisir
la méthode qui satisfasse au mieux les attentes des gestionnaires. De
ce fait, nous ne ferons ici qu'une présentation des
méthodes de la matrice des variances-covariances estimée
et de l'analyse historique, et justifierons notre choix pour la
méthode de Monté Carlo.
4.2.3 Méthode de la matrice des
variances-covariances estimée
La méthode de la matrice des variances-covariances estimée
est à ce jour la plus utilisée dans le monde et ce
grâce à une banque américaine : JP. Morgan. Le
développement de cette méthode par
JP. Morgan dans le début des années 1980 a permis à
la Value at Risk de connaître son succès actuel.
D'ailleurs, il arrive très souvent que les spécialistes
appellent cette méthode la "VaR JP. Morgan".
Cette technique nécessite préalablement à son
calcul deux étapes importantes : tout d'abord, la détermination des
facteurs de risque en lesquels les actifs présents dans les différents
portefeuilles peuvent être décomposés, et ensuite la
répartition des différents cash-flows associés à ces
facteurs de risque.
Des hypothèses contraignantes :
Tous les fondements de cette méthode reposent sur la
normalité des facteurs de risque et des rendements des différents
actifs. Cette hypothèse permet, en effet, de simplifier énormément le
calcul de la VaR puisque cette dernière devient un simple multiple de l'écart
type du portefeuille, qui est lui même une fonction linéaire
des écarts types et des covariances des différents actifs présents
dans le portefeuille.
La méthode présuppose donc l'évaluation des moyennes
et des variances de tous ces facteurs. Toutefois, ces moyennes et
variances ne sont pas calculer grâce à la méthode
historique standard mais suivant une pondération qui accorde plus
d'importance aux observations récentes.
On définit un l
5 compris entre 0 et 1
(plus il est proche de 1 et plus le passé proche est important) et
on calcule les paramètres suivants :
|
|
|
(1-l) |
T å
j=1
|
lj-1 |
æ è |
Rt-j- |
R
|
ö ø |
2
|
|
| |
|
|
|
(1-l) |
T å
j=1
|
lj-1 |
æ è |
R1,t-j- |
R
|
1
|
ö ø |
|
æ è |
R2,t-j- |
R
|
2 |
ö ø |
|
| |
|
Cette pondération permet de ne pas garder en mémoire toutes
les données intervenant dans les formules. En effet, si on suppose T
très grand, on peut facilement obtenir les formules de
récurrence suivantes :
|
|
|
lst2 + (1-l) |
æ è |
Rt- |
R
|
ö ø |
2
|
|
| |
|
|
|
ls12,t + (1-l) |
æ è |
R1,t- |
R
|
1
|
ö ø |
|
æ è |
R2,t- |
R
|
2
|
ö ø |
|
| |
|
Par ailleurs, si on veut utiliser dans le calcul de la VaR les paramètres
obtenus lors de l'estimation sur un échantillon des
variations de prix passées, il est nécessaire de supposer
la stationnarité des processus considérés.
Calcul de la VaR pour un portefeuille de valeurs
linéaires
Considérons un portefeuille constitué de N
actifs6 en nombres respectifs
n1,...,nN s'exprimant à partir des facteurs de
risque X1,...,Xn :
pj = aj1 X1 + ... + ajn
Xn j = 1,...,N |
|
La valeur du portefeuille s'écrit
|
|
|
| |
|
|
|
|
n å
k = 1
|
|
æ è |
N å
j = 1
|
nj ajk |
ö ø |
Xk(t) |
| |
|
et ses variations entre les dates t - 1 et t
|
|
|
|
n å
k = 1
|
|
æ è |
N å
j = 1
|
nj ajk |
ö ø |
( Xk(t)-Xk(t-1) ) |
| |
|
|
|
|
n å
k = 1
|
|
æ è |
N å
j = 1
|
nj ajk Xk(t-1) |
ö ø |
|
Xk(t) -Xk(t-1) Xk(t-1)
|
|
| |
|
|
|
| |
|
où xk(t-1) peut s'interpréter comme le
montant investi en (t-1) dans le kième
facteur de risque.
On suppose que l'horizon de calcul de la VaR est
l'époque 1 et que la période à laquelle on effectue
les calculs est l'époque 0. On suppose également connus :
Les positions actuelles en les différents facteurs de risque :
L'estimation des moyennes et variances historiques :
Et on calcule ainsi la VaR grâce à l'équation:
|
|
|
| |
|
|
|
- |
n å
k = 1
|
xk Ek + zq |
æ Ö
|
n å
k = 1
|
|
n å
l = 1
|
xk xl skl |
|
|
| | |
Cas particulier des actions
On traite les actions par un modèle comparable au modèle
à indice simple de Sharpe. Ce modèle postule que la
variation de prix d'une action est une fonction du premier
degré de la variation d'un indice représentatif du marché.
Dpj = aj + bj DI + Dej j = 1,...,N |
|
où a et b
7 s'évaluent
par les techniques standards de régression.
Dans ce cas, il est facile d'obtenir :
VaRq = -a
P - bP EI +
zq |
æ Ö
|
bP2 sI2
+ |
N å
j = 1
|
nj2 sej2 |
| |
|
Calcul de la VaR pour un portefeuille de valeurs non linéaires
Les produits non linéaires représentent un réel
problème pour la technique de la matrice des
variances-covariances estimée car l'application de cette
méthode est basée sur le fait qu'une combinaison
linéaire de variables normales est distribuée suivant une loi normale.
Pour palier à ce problème, on suppose que les variations
de prix du sous-jacent sont distribuées suivant une loi normale
et on effectue un développement de Taylor du modèle d'évaluation retenu.
Il convient de pousser le développement jusqu'à l'ordre 2
afin de tenir compte des évolutions de prix du sous-jacent.
On va considérer plus particulièrement le cas d'une
option évaluée grâce à la formule de Black & Sholes :
|
|
|
fS'¢(St,K,t,st,RF) DSt + |
1 2
|
fSS"¢¢(St,K,t,st,RF) (DSt)2+fK'¢(St,K,t,st,RF) DK |
| |
| |
|
+ ft'¢(St,K,t,st,RF) Dt + fs'¢(St,K,t,st,RF) Dst + fR'¢(St,K,t,st,RF) DRt |
| |
| |
|
D.DSt + |
1 2
|
G.(DSt) 2 + fK'¢.DK - Q.Dt + V.Dst + P.DRt |
| |
|
Dans la pratique, on se limite principalement aux paramètres
D, G et Q :
Dpt = D.DSt + |
1 2
|
G.(DSt)2 - Q.Dt |
|
La distribution de Dpt est ensuite déterminée
en recherchant dans la famille des distributions de Johnson, celle qui égalise
les quatre premiers moments de Dpt :
|
|
|
| |
|
|
|
| |
|
|
|
|
G.st (3D3 + G2.st2)
|
æ è |
D2 + |
1 2
|
G2.st2 |
ö ø |
[3/2]
|
|
|
| |
|
|
|
|
3 |
é ë |
(1-D4) + 3D2.G2.st2 + |
3 4
|
G4.st4 |
ù û |
|
|
| |
|
Plus précisément, parmi les quatre relations
|
|
|
| |
|
|
|
| |
|
|
|
a + b.arcsinh |
æ è |
Dpt-c
d
|
ö ø |
|
| |
| |
|
a + b.ln |
æ è |
Dpt-c
c + d-Dpt
|
ö ø |
|
| |
|
qui définissent respectivement des lois normales, lognormales,
non bornées et bornées. On détermine la loi et les
paramètres a, b, c, d tels que DSt
suit une loi normale de moyenne nulle et d'écart type st.
On reprend ensuite la définition initiale de la VaR basée
sur le quantile
et on résout l'équation St = - zq par rapport à
Dpt.
En conclusion
La présente méthode d'évaluation de la VaR
détermine, dans un premier temps, le paramètre VaR pour
chacun des facteurs de risque séparément, puis dans un
deuxième temps, les agrège par l'intermédiaire de la
matrice des variances-covariances estimée. De ce fait, cette
méthode est souvent présentée comme une "méthode
locale" de calcul de la VaR en opposition avec les méthodes qui déterminent
directement la VaR du portefeuille sans calculer celles
des facteurs de risque pris séparément.
La méthode de la matrice des variances-covariances estimée
est donc une bonne méthode à condition que les
hypothèses de base (normalité conditionnelle,
linéarité, stationnarité) soient satisfaites. Pour
cela, il est parfois nécessaire d'effectuer un traitement
particulier sur certains titres complexes (les options par
exemple). Mais, le principal reproche de cette méthode est
qu'elle demande un volume très important de données.
4.2.3 Méthode historique
La méthode d'estimation de la VaR par analyse
historique repose sur l'hypothèse que la distribution des
variations de prix observée à partir de l'historique va se
reproduire dans l'avenir. Dans les faits, cela revient à
supposer que les variations de prix des différents facteurs de
risque sont stationnaires.
Comme précédemment, il convient de bien identifier les
facteurs de risque qui nous permettrons de déterminer la
valeur des actifs en portefeuille.
On évalue ensuite les variations relatives de chaque facteurs
de risque :
Dk(t) = |
Xk(t) - Xk(t-1)
Xk(t-1)
|
k = 1,...,n
t = -T+1,...,0 |
|
Les données présentes nous permettent alors d'estimer la
distribution des valeurs futures des facteurs de risque
Xk(t) (1) = Xk(0).(1+Dk(t)) k = 1,...,n
t = -T+1,...,0 |
|
et donc la distribution de la perte encourue
Lk(t) = Xk(0) - Xk(t)(1)
= - Dk(t).Xk(0)
k = 1,...,n
t = -T+1,...,0 |
|
Cas particulier d'un actif
Considérons un actif dépendant de plusieurs facteurs de
risque p = f(X1,...,Xn) dont on souhaite déterminer
la VaR. On évalue les variations futures des facteurs de risque
X1(t)(1),...,Xn(t)(1)
en utilisant la méthode ci-dessus.
De là, on déduit une estimation de la distribution du prix
futur de l'actif
p(t)(1) = f( X1(t)(1),...,Xn(t)(1) )
t = -T+1,...,0 |
|
et par différence, une estimation de la distribution de la perte subie
L(t) = p(0) - p(t)(1)
t = -T+1,...,0 |
|
Quelques remarques importantes
Dans le cas d'un portefeuille, la méthode est similaire à
celle d'un actif isolé. On termine simplement l'estimation de la VaR
en déterminant la distribution de la perte subie par le portefeuille
| |
|
| |
| |
|
|
N å
j = 1
|
nj pj(0) - |
N å
j = 1
|
nj pj(t) (1) |
| |
|
Il est déconseillé de calculer la VaR en utilisant la formule suivante
VaRq = E[ Lt ] + zq.s(Lt) |
|
car cette dernière suppose la normalité de la distribution
alors que cette méthode en est indépendante.
La CHASE MANHATTAN BANK N.A., dans son système RiskTM
d'évaluation de la VaR, propose pour le calcul d'une
VaR à 1 jour d'utiliser un historique de T = 100 jours.
Exemple d'un portefeuille action
Considérons un portefeuille constitué de cinq actions en nombres respectifs
n1 = 3, n2 = 2, n3 = 5, n4 = 4,
n5 = 6 |
|
pour lesquels on a observé les cours à 11 époques (T=10).
t | C1 | C2 | C3 | C4 | C5 |
-10 | 12800 | 23475 | 1238 | 2800 | 129 |
-9 | 13150 | 23150 | 1236 | 2765 | 134 |
-8 | 12150 | 21875 | 1168 | 2715 | 145 |
-7 | 11100 | 21400 | 1234 | 2689 | 168 |
-6 | 11725 | 22100 | 1310 | 2599 | 179 |
-5 | 11950 | 21650 | 1262 | 2465 | 168 |
-4 | 12025 | 22650 | 1242 | 2536 | 164 |
-3 | 12325 | 21000 | 1170 | 2497 | 171 |
-2 | 13675 | 23625 | 1260 | 2468 | 176 |
-1 | 14300 | 24150 | 1342 | 2500 | 165 |
0 | 14800 | 25825 | 1530 | 2365 | 160 |
On calcule les variations relatives
Dk(t)
pour t = -9,...,0 :
D1(-9) = |
13150 - 12800 12800
|
= 0.0273 |
|
t | Delta1 | Delta2 | Delta3 | Delta4 | Delta5 |
-9 | 0,027 | -0,014 | -0,002 | -0,013 | 0,039 |
-8 | -0,076 | -0,055 | -0,055 | -0,018 | 0,082 |
-7 | -0,086 | -0,022 | 0,057 | -0,010 | 0,159 |
-6 | 0,056 | 0,033 | 0,062 | -0,033 | 0,065 |
-5 | 0,019 | -0,020 | -0,037 | -0,052 | -0,061 |
-4 | 0,006 | 0,046 | -0,016 | 0,029 | -0,024 |
-3 | 0,025 | -0,073 | -0,058 | -0,015 | 0,043 |
-2 | 0,110 | 0,125 | 0,077 | -0,012 | 0,029 |
-1 | 0,046 | 0,022 | 0,065 | 0,013 | -0,063 |
0 | 0,035 | 0,069 | 0,140 | -0,054 | -0,030 |
ainsi que les valeurs estimées pour la prochaine période :
X1(-9) = 14800 × ( 1 + 0.0273 ) = 15204.7 |
|
t | X1(1) | X2(1) | X3(1) | X4(1) | X5(1) |
-9 | 15204,69 | 25467,47 | 1527,53 | 2335,44 | 166,20 |
-8 | 13674,52 | 24402,67 | 1445,83 | 2322,23 | 173,13 |
-7 | 13520,99 | 25264,23 | 1616,46 | 2342,35 | 185,38 |
-6 | 15633,33 | 26669,74 | 1624,23 | 2285,84 | 170,48 |
-5 | 15084,01 | 25299,15 | 1473,94 | 2243,06 | 150,17 |
-4 | 14892,89 | 27017,84 | 1505,75 | 2433,12 | 156,19 |
-3 | 15169,23 | 23943,71 | 1441,30 | 2328,63 | 166,83 |
-2 | 16421,10 | 29053,13 | 1647,69 | 2337,53 | 164,68 |
-1 | 15476,42 | 26398,89 | 1629,57 | 2395,66 | 150,00 |
0 | 15317,48 | 27616,17 | 1744,34 | 2237,29 | 155,15 |
On détermine alors la valeur du portefeuille en t=0 et les
estimations des valeurs futures :
pP(-9)(1) = 3×15204.7 + 2×25467.5 + 5×1527.5 + 4×2335.4 +
6×166.2 = 114525.6 |
|
t | pP(0) | pP(1) | L |
-9 | 114120,00 | 114525,59 | -405,59 |
-8 | 114120,00 | 107385,78 | 6734,22 |
-7 | 114120,00 | 109655,38 | 4464,62 |
-6 | 114120,00 | 118526,87 | -4406,87 |
-5 | 114120,00 | 113093,29 | 1026,71 |
-4 | 114120,00 | 116912,73 | -2792,73 |
-3 | 114120,00 | 110917,13 | 3202,87 |
-2 | 114120,00 | 125946,20 | -11826,20 |
-1 | 114120,00 | 117857,54 | -3737,54 |
0 | 114120,00 | 119786,55 | -5666,55 |

Enfin, la fonction de répartition des pertes permet
d'obtenir l'estimation de la VaR.
On déduit ainsi aisément les valeurs :
En conclusion
Le principal reproche que l'on peut formuler à l'encontre de cette méthode
est le suivant : il suffit qu'un petit nombre d'observations
sortent de l'ordinaire pour que la valeur de la VaR soit
influencer pendant une longue période (égale à la
durée des historiques). Ainsi, une erreur de mesure ou une
valeur exceptionnelle peuvent avoir des effets désastreux sur
l'estimation de la VaR 8.
En revanche, cette méthode possède l'avantage d'être
une méthode simple, flexible et robuste. Les hypothèses sont peu
exigeantes et les données nécessaires peu nombreuses.
4.2.4 La VaR Monté Carlo classique
La simulation de Monté Carlo9
est généralement utilisée lorsqu'il est difficile de déterminer
la loi de probabilité d'une distribution grâce
à un raisonnement mathématique. C'est une technique très puissante
mais très lourde à mettre en uvre et il convient d'analyser,
comme nous l'avons fait ci-dessus, les différentes approches
possibles avant de faire son choix.
Nous présentons ici la méthodologie classique d'estimation
de la VaR par la technique de Monté Carlo en
l'appliquant tour à tour au cas d'un facteur de risque et d'un
portefeuille.
Pour un facteur de risque
Avant de s'attaquer au problème d'estimation de la VaR, il
convient de réfléchir plus particulièrement au modèle
d'évaluation du facteur de risque que l'on va considérer.
Généralement, on retient plusieurs modèles d'évaluation et on
choisit pour chaque facteur de risque le modèle qui sera le
plus adapté. On retiendra par exemple une distribution normale ou
un mouvement brownien géométrique selon que l'on considère le return d'une
action ou celui d'une option.
A partir des observations passées du facteur de risque
X(t) pour t = -T+1,...,0, on estime les paramètres du
modèle d'évaluation relatifs à ce facteur. On peut
ensuite simuler un grand nombre M de valeurs futures du facteur
de risque
et on détermine la loi de distribution de la perte encourue
L(t) = X(0) - X(t)(1)
t = 1,...,M |
|
et ainsi la valeur de la VaR.
Pour un portefeuille
On suppose comme précédemment que les N actifs
constituant le portefeuille sont fonctions d'un ou plusieurs facteurs de risque
X1,...,Xn
pj(0) = fj ( X1(0),...,Xn(0) ) |
|
Avant de générer les valeurs futures des facteurs de risque,
on détermine la matrice de variance-covariance10
et on effectue une décomposition de Choleski11.
On peut ainsi prendre en compte la structure de corrélation
des facteurs de risque.
Une fois les Xk(t)(1) générés,
on estime par substitution la valeur future
des actifs constituant le portefeuille
pj(t)(1) = fj ( X1(t)(1 ,...,Xn(t)
(1) ) | |
et ainsi, la valeur future du portefeuille
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N å
j = 1
|
nj fj ( X1(t)(1),...,Xn(t)(1) ) |
| | |
Enfin, par différence avec la valeur initiale du portefeuille,
on obtient la valeur future de la perte subie
En conclusion
L'approche Monté Carlo a deux caractéristiques majeures que
ne possèdent pas les approches historique ou de J.P. Morgan et qui ont
motivé notre choix :
- En premier lieu, elle ne suppose aucune hypothèse distributionnelle et
notamment aucune hypothèse de normalité. On évite ainsi de
sous-évaluer la valeur de la VaR lorsque les distributions
ont des queux plus épaisses. Elle ne formule pas non plus
d'hypothèse sur la linéarité des prix des actifs.
- Cette méthode est par ailleurs la seule qui puisse être
adaptée au calcul d'une VaR à plus long terme
comme le nécessite les SICAV d'Ecureuil Gestion.
4.2.4 La VaR Monté Carlo "Écureuil Gestion"
L'approche Monté Carlo classique de la VaR, telle
qu'elle peut être présentée par la Bankers Trust dans son
système RaRoc2020TM, comporte une différence notable avec celle
que nous avons décidée de retenir à Ecureuil Gestion.
On ne pose en effet aucune hypothèse sur les processus suivis
par les facteurs de risque (normalité ou leptocurticité du
cours des actions, mouvement brownien géométrique des
variations relatives, etc.). Ces derniers ont été
modélisés dans la première partie de ce rapport et les
seules hypothèses que l'on formule portent sur la distribution
des variables fondamentales retenues : la loi de distribution de
leurs variations absolues est décrite par une loi normale.
En pratique, notre méthodologie est la suivante :
- On génère tout d'abord autant d'aléas (de
même longueur que la VaR) qu'il n'y a de fondamentaux
dans les différents modèles. On utilise un historique pour estimer la
matrice de variance-covariance de ces fondamentaux et on peut
ainsi prendre en compte les corrélations qui peuvent exister entre ces derniers
(décomposition de Choleski).
- On détermine ensuite les valeurs futures des
différents facteurs de risque en se basant sur les modèles
économétriques que l'on a déterminés
précédemment. On simule pour cela autant de bruit blanc
12
que d'équation de court terme et on obtient ainsi les variations
simulées de chaque facteur de risque.
- Ces facteurs de risque simulés, on projète ou réévalue,
selon le choix de modèle que l'on a retenu, les différentes
lignes du portefeuille. Le choix du modèle d'évaluation
est réalisé en fonction de la qualité des méthodes de
projection et de l'existence ou non d'une formule fermée
d'évaluation.
- Grâce à ces modèles, on calcule la valeur du
portefeuille en fin de scénarios et on déduit la perte
subie sur la période considérée. On reprend ensuite la
première étape et on recommence la procédure autant de
fois que nécessaire pour obtenir la précision
souhaitée.
- Enfin, on peut déterminer la distribution des pertes
subies et ainsi déduire la valeur de la VaR au niveau
de risque voulu et sur la période considérée.
Footnotes:
1
Il n'est pas certain qu'avec la réforme actuelle des Caisses
d'Épargne, cette situation reste telle que je l'ai connue.
2
Il ne s'agit d'une vrai perte que lorsque la valeur de L
s,t est
positive. Dans le cas contraire, il s'agit d'un bénéfice.
3
On notera VaR
q une VaR avec une probabilité q lorsqu'il
y aura un risque de confusion.
4
Les rendements quotidiens des actions ont par exemple une distribution
de Pareto ou de Student.
5RiskMetrics
TM
utilise en pratique des valeurs de
l égales à
0.94 et 0.97 pour une périodicité des observations égale respectivement à
1 jour et à 1 mois. Ces valeurs ont été obtenus en optimisant
un critère de qualité des prévisions.
6On peut
considérer identiquement des obligations, des actions, des
positions de change, des matières premières, des swaps d'intérêt
et de change, des FRA, ...
7Le coefficient
b mesure la sensibilité de l'actif en
question par rapport à l'indice : plus
b est grand,
plus une variation sur le marché sera répercutée sur le prix de l'action.
8L'approche par
la théorie des valeurs extrêmes peut aider à résoudre ce problème.
9Pour les
méthodes de simulations de Monté Carlo, la précision
des paramètres estimés est proportionnelle à
[1/(
Ön)], n étant le nombre de simulations effectuées. Pour
10.000 simulations, on obtient donc une précision de l'ordre
de 1%. Toutefois, il est possible d'améliorer cette
précision en utilisant des techniques de réduction de la
variance, les principales utilisées
étant "l'approche antithétique" et "la méthode
d'égalité des moments". Toutes ces techniques sont détaillées
dans Boyle, Broadie et Glasserman [1997, pp. 1267-1321] : "Monte
Carlo methods for security pricing",
Journal of Economic
Dynamics and Control.
10On peut
pour cela utiliser l'historique qui a servi à l'estimation des
paramètres de leur modèle respectif.
11Soit A
une matrice symétrique définie positive, il
existe une matrice triangulaire inférieure L à
éléments diagonaux strictement positifs telle que
12C'est à
dire un aléa généré sur la base d'une
loi normale centrée et de même variance que celle obtenue
lors de l'estimation.