News letter : Risques
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Value at Risk (stage de fin d'études)

1. Introduction

La volatilité accrue sur les marchés financiers et le développement d'instruments de couverture toujours plus complexes ont permis au  Risk Management  de devenir une science à part entière. Dans sa définition la plus large, le Risk Management englobe la gestion de toutes les catégories de risque, que ce dernier soit quantifiable (de marché, de crédit, ... ) ou non (risque juridique, risque médiatique, ... ). Dans les faits, les Risk Managers étudient tous les facteurs susceptibles de menacer le rendement espéré d'un investissement et tentent d'apporter des solutions stratégiques. Ils possèdent pour cela un grand nombre d'outils parmi lesquels on peut citer la Value of 1 Basis Point (VBP) (qui quantifie la sensibilité d'un portefeuille à un mouvement de la courbe des taux d'intérêt d'une amplitude de un centième de pour-cent), le Stress Testing (qui permet des simulations de scénarii catastrophes), la Value at Risk ou encore les méthodes de reporting telles que la CAD (Capital Adequacy Directive).

Parmi les nombreux outils de gestion des risques financiers qui ont vu le jour ces dix dernières années, la Value at Risk (VaR) a plus particulièrement attiré l'attention des sociétés de gestion. La VaR d'un portefeuille au risque de a % pour un horizon donné peut être définie ainsi : Si on exclut les a % des occurrences les plus catastrophiques pour la valorisation du portefeuille, la VaR correspond à la perte maximale (exprimée en %) que le portefeuille peut subir.

Les avantages de cet outil sont alors clairs. Il permet, outre une gestion optimisée des risques financiers, une grande transparence sur les risques financiers que prennent les clients.

La plupart des outils présents sur le marché estiment la VaR grâce à la technique dite de la  matrice des variances-covariances estimée  qui suppose une distribution normale des rendements du portefeuille. Or, l'analyse des queux de distribution montrent qu'elles sont beaucoup trop épaisses pour coïncider avec celles d'une loi normale. De ce fait, deux autres techniques d'estimation de la VaR se sont développées,  l'analyse historique  et  la simulation de Monté Carlo , et ont permis de palier à ce problème. Mais, parmi ces méthodes, seule la deuxième, à savoir la technique de simulation de Monté Carlo, peut être adaptée au calcul d'une VaR à des horizons très grand (3 mois, 1an, etc.) comme le nécessite les OPCVM Écureuil Gestion.

Cependant, la mise en uvre d'un outil de gestion du risque basé sur une méthodologie VaR Monté Carlo et son adaptation aux besoins spécifiques des gérants d'Écureuil Gestion nécessite de nombreux développements spécifiques. Le choix des facteurs de risque et des processus suivis par ces derniers constitue l'un d'entre eux et nous avons souhaité y donner une dimension particulière. Contrairement aux méthodes classiques d'estimation du critère VaR, nous avons choisi de modéliser les facteurs de risque retenus en utilisant une méthodologie proche de celle de Engle & Granger [1987] et dans la lignée des travaux de Gregory & Hansen [1996].

Nous présentons donc, dans une première partie, une étude complète des facteurs de risques comprenant d'une part, une modélisation des facteurs de risques, et d'autre part, les techniques permettant de faire évoluer le modèle obtenu.

La deuxième partie traitera plus en détail de la notion de VaR et de ses implications en terme de quantification des risques de marché et de reporting comptable. Nous analysons tout d'abord les deux techniques les plus classiques d'estimation de la VaR, à savoir la matrice des variances-covariances estimée et l'analyse historique, et présentons ensuite la technique dite de simulation de Monté Carlo.

Nous concluons enfin sur les améliorations que l'on peut apporter à notre modèle et sur l'avenir probable que connaîtra cet outil performant de gestion du risque qu'est la Value at Risk.

2. Écureuil Gestion : Une expérience reconnue

Filiale commune1 de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne et de la Caisse des Dépôts et Consignations, Écureuil Gestion est une des toutes premières sociétés créées il y a un peu plus de dix ans pour mettre en uvre le principe de la séparation des gestions. Elle présente aujourd'hui une antériorité et une expérience reconnue et, si elle bénéficie de l'appui de la Caisse des dépôts en matière d'expertise et d'analyse économique et financière, Écureuil Gestion n'en reste pas moins une société structurée pour un fonctionnement autonome, au seul service des Caisses d'Épargne et de leurs clients.

Sa mission est double : elle doit, d'une part concevoir et gérer les OPCVM commercialisés par les Caisses d'Épargne, et d'autre part animer leur vente dans le cadre du plan de développement commercial des Caisses d'Épargne.

2.1 Des métiers complémentaires

Regroupant près de quarante collaborateurs, Écureuil Gestion est une société de gestion qui couvre un très large ensemble de métiers complémentaires :

  • La gestion financière : ce terme regroupe toute la gestion des portefeuilles des OPCVM Écureuil, sur l'ensemble des marchés, dans le strict respect des orientations fixées par les conseils d'administration des Sicav, et des règles dictées par la COB. Le rôle de la Caisse des dépôts est d'apporter son expertise d'opérateur et de dépositaire.
  • L'ingénierie financière et développement : ce département s'occupe de concevoir de nouveaux produits et d'aménager la gamme des OPCVM proposés à la clientèle, selon les évolution des marchés, de la réglementation, des besoins et comportements de la clientèle.
  • La gestion de la vie sociale, administrative et comptable des OPCVM : ce bureau est en charge du montage juridique des nouveaux produits, de l'organisation des conseils d'administration des Sicav et des assemblées générales d'actionnaires, des relations avec les autorités de marché et enfin de la tenue de la comptabilité de chaque OPCVM.
  • La formation et l'information du réseau de vente : la mise en place d'un dispositif d'information périodique et de programmes de formation, permet à Écureuil Gestion d'entretenir des relations étroites et régulières avec les Caisses d'Épargne.
  • La communication clientèle : Son but est d'informer les souscripteurs et de promouvoir les OPCVM. Elle privilégie une information large, régulière et argumentée, complétée par des opérations publicitaires ponctuelles (principalement dans la presse).

2.2 Une équipe jeune et dynamique

2.2.1 Les gérants : un des poumons de la société

A la fois gestionnaires, économistes et stratèges, les gérants d'Écureuil Gestion se situent au coeur même du fonctionnement opérationnel de la société. Aidés dans leur tâche par des assistants de gestion très réactifs et très efficaces, ils gèrent les différentes OPCVM des Caisses d'Épargne en respectant autant que faire se peut la politique et les lignes directrices qui ont été définies. Leurs formations d'origine sont très diverses et on trouvent aussi bien des anciens traders que des Sales en produits structurés ou encore des anciens assistants de gestion. Mais, loin d'être un handicap, cette diversité représente à la fois une richesse et une force. Elle permet de confronter les expériences respectives et ainsi d'améliorer les analyses nécessaires des marchés.

2.2.2 Des assistants très réactifs

L'assistant de gestion est une pièce maîtresse dans le grand échiquier de la gestion. Il doit d'une part, être attentif aux besoins et aux interrogations des gérants en matière de sensibilité et de risque, et d'autre part, réfléchir aux outils qui seraient susceptibles d'améliorer d'une manière ou d'une autre la gestion effective des portefeuilles. Mais, sa mission ne s'arrête pas là car il doit quotidiennement enregistrer, et ce dans des laps de temps très courts, toutes les opérations effectuées par les gérants et les transmettre au Back Office pour que les comptables les enregistrent à leur tour. La journée type d'un assistant de gestion n'est donc pas de tout repos et se caractérise à la fois par de très fortes contraintes temporelles et par une très grande liberté d'action.

2.2.3 De relativement bonnes conditions de stage

Intégré au département  Risk Management, ma mission principale était de réfléchir au développement d'un outil d'aide à la décision et d'un outil de gestion du risque basé sur une méthodologie Value at Risk. Les moyens techniques mis à ma disposition étaient bien adaptés et j'ai pu disposé de tous les outils informatiques nécessaires (RATS pour la modélisation, GAUSS et Excel pour les simulations, Visual Basic et une formation en VBA pour le développement d'outils professionnels) et d'une expertise économique et financière efficace.

Sur le plan humain, il règne au sein de cette société une atmosphère de travail très conviviale et s'il existe un point commun entre les différentes personnes qui compose le département, c'est sans aucun doute la disponibilité. Il arrive bien évidemment que l'atmosphère se tende quelque peu certains jours d'annonce, mais cela ne change en rien les relations existantes.

3. Modélisation des facteurs de risque

Avant d'étudier les différents problèmes inhérents à l'évaluation de la Value at Risk, il convient de modéliser les facteurs de risque sur lesquels vont être projetés certaines lignes des portefeuilles. Cette modélisation joue un rôle très important dans l'approche Monté Carlo de la VaR car elle assure une cohérence lors de la diffusion des facteurs de risque.

3.1 Problématique

Il s'agit de proposer un modèle économétrique permettant de rendre compte de la dynamique d'un ensemble de variables macro financières sensibles dans la gestion d'un portefeuille. Ces variables représentent les principaux facteurs de risque, corrélés et évolutifs, auxquels sont confrontés les gérants dans leur travail quotidien. Ce modèle constitue le coeur d'un outil d'aide à la décision, utile pour une analyse rétrospective, pour une évaluation de la conjoncture courante, ou dans un but prospectif, pour définir des stratégies de gestion à l'horizon d'un an, ou plus, sous réserve de l'élaboration de scénarii macroéconomiques.

Dans l'analyse qui est menée, nous considérons que les variables telles que les rendements d'obligations de différentes maturités pour différents pays, les indices boursiers de différentes places ainsi que les taux de change entre les principales devises présentent des évolutions dynamiques qui partagent des tendances dites de long terme par opposition aux fluctuations transitoires qui peuvent être observées. L'identification de telles tendances s'avère extrêmement utile pour décrire les facteurs de risques dont il a été question, d'une part parce qu'elles apparaissent en nombre plus réduit que les variables initiales, d'autre part parce qu'elles permettent de décrire efficacement les risques persistants, dont l'appréhension est déterminante dans l'élaboration d'une stratégie de gestion de moyen ou de long terme.

3.2 Notions de tendance et de choc

A chaque instant, la dynamique d'une variable X évolue sous l'effet d'un choc qui correspond à une "surprise", estimée, de ce fait comme plus petite partie imprévisible c'est-à-dire l'innovation de la variable à la date concernée ...

4. Value at Risk

La Value at Risk (VaR) connaît ces dernières années un développement important dans le domaine de la banque, de la finance et de l'assurance. Elle est devenu un concept majeur en matière de gestion des risques au point qu'en 1993, le Groupe des Trente (forum international composé de banquiers, d'autorités de contrôle et d'académiciens) a publié un document intitulé "Derivatives : Practices and Principles" recommandant l'usage de la VaR comme critère de mesure du risque de marché.

La VaR d'un portefeuille au risque de a % pour un horizon donné peut être définie ainsi : si on exclut les a % des occurrences les plus catastrophiques pour la valorisation du portefeuille, la VaR correspond à la perte maximale (exprimée en %) que le portefeuille peut subir.

Cette définition permet de bien prendre conscience des avantages de la VaR sur les autres méthodes de gestion du risque : c'est une mesure absolue du risque d'un portefeuille qui permet une gestion efficace sur des horizons différents (un jour, un mois ou trois mois). En pratique, la VaR permet à la fois un reporting interne au management, un reporting externe aux autorités de contrôle, une allocation des ressources (en fixant des limites pour chaque activité) et une mesure efficace et cohérente des performances.

4.1 Une théorie bien définie

Le risque de marché représente le risque auquel est confronté un investisseur en raison de l'incertitude qui pèse sur les évolutions défavorables du cours des titres qu'il possède dans son portefeuille. De ce fait, un critère d'évaluation du risque de marché tel que la VaR ne doit prendre en compte que le risque de perte.

4.1.1 Une définition simple

Considérons un actif dont la valeur à un instant t est notée Vt. On définit alors la perte2 subie sur cet actif durant une période [s;t] par


Ls,t = Vs - Vt


On suppose par ailleurs que la valeur de cet actif et donc des pertes associées à cet actif évoluent de manière stationnaire. Ainsi on peut remplacer l'intervalle [s;t] par l'intervalle [0;t-s] et la variable L n'aura plus pour indice que la seule durée de l'intervalle.

La Value at Risk de l'actif pour la durée t et le niveau de probabilité q se définit comme la perte encourue maximale sur cet actif durant l'intervalle [0;t] pour une probabilité de (1 - q) :


Pr
[Lt > VaR] = 1 - q         Û          Pr
[ Lt £ VaR] = q


Il existe donc deux paramètres dans la définition de la notion de VaR : la durée t et la probabilité q. En pratique, on fixe une fois pour toute la durée de calcul de la VaR (un jour, une semaine ou un mois) et on calcule la VaR3 en fonction de la probabilité q.

Toutefois, cette définition pose un certain nombre de problèmes liés notamment à l'existence et à la caractérisation de la fonction de densité. Pour les variables discrètes par exemple, la VaR n'est pas définit de façon précise et dans le cas où q correspond à un saut de la fonction de répartition, aucune valeur de la perte ne peut convenir.



De la même manière, lorsque q correspond à un palier de la fonction de répartition, une infinité de valeurs conviennent et on choisit, par sécurité, de prendre la valeur la plus défavorable, c'est à dire la plus grande.


De ce fait, la définition rigoureuse de la VaR s'écrit alors sous la forme :


VaRq = max
ì
í
î
V : Pr
[Lt £ V] £ q ü
ý
þ

Remarque : lorsque la variable aléatoire Lt suit une loi normale de moyenne m et d'écart type s, on peut écrire :


Pr
é
ë
Lt - m

s
£ VaRq - m

s
ù
û
= q

Et si on note zq le quantile d'ordre q de la distribution normale, on obtient une formule très simple de la VaR :


VaRq = m + zq s

4.1.2 VaR d'un portefeuille

Considérons un portefeuille constitué de N actifs en nombre respectifs n1,... ,n2. Si on note pj le prix du jème titre et pp le prix du portefeuille, la variation relative de prix du portefeuille obéira à la relation :


Dpp = N
å
j = 1 
njDpj

Dp = (pt - pt - 1) / (pt - 1).



Le choix d'une variation relative sur une variation absolue permet d'une part de relativiser le poids des différents facteurs pouvant intervenir dans l'évaluation d'un portefeuille, et d'autre part, de fournir une variable pouvant posséder certaines propriétés distributionnelles.

Mais, il n'est en général pas possible de déduire la loi de probabilité du portefeuille et ce même si on connaît la distribution des différents Dp. La loi de probabilité d'une somme de variables aléatoires n'est aisée à déterminer que si celles-ci sont indépendantes, ce qui n'est bien évidemment pas le cas ici.

Cependant, si on suppose une distribution normale du portefeuille, on peut aisément déterminer la VaR de ce dernier à partir des deux premiers moments :


VaRq = - E[Dpp] + zq s(Dpp)



On détermine alors les deux premiers moments de la distribution des variations du portefeuille :


E[Dpp]
=
N
å
j = 1 
nj E[Dpj]
Var(Dpp)
=
N
å
i = 1 
N
å
j = 1 
ni nj Cov(Dpi, Dpj)

Remarques : L'utilisation de cette relation présente cependant deux inconvénients majeurs : d'une part, elle suppose la normalité de la distribution du portefeuille, et d'autre part, elle nécessite de connaître un grand nombre de paramètre (au total N*(N+3)/2).

En pratique, la loi de distribution des portefeuilles est rarement normale et possède des queues de distribution beaucoup plus épaisses que celles d'une loi normale4. Les distributions leptocurtiques, les lois de Laplace et les lois astables de Levy sont généralement plus appropriées.

Par ailleurs, la taille des portefeuilles dans les sociétés de gestion est en général très importante (une centaine de lignes environ) et ce pour des soucis de réduction du risque globale par diversification. Dans le cas d'un portefeuille possédant N = 100 titres différents par exemple, il faut connaître un nombre de paramètres très important : au total 100*(100+3)/2 = 5150.

4.2 Estimation de la VaR

La présentation du critère VaR telle que nous l'avons faite, montre qu'il est relativement aisé de déterminer la VaR dès lors que l'on connaît la fonction de répartition de la variable aléatoire "perte". Trois méthodes de calcul de la VaR ont fait leur preuve à l'heure actuelle : la méthode de l'analyse historique, la méthode de la matrice des variances-covariances estimée et la technique de simulation de Monté Carlo. Les trois hypothèses principales qui permettent de différencier ces techniques d'estimation portent sur la distribution des prix des actifs, sur les modèles d'évaluation des prix des actifs et enfin sur la stationnarité des variations de prix des différents facteurs de risque.

Les schémas directeurs de ces trois méthodes d'estimations sont résumés dans la figure ci-dessous :

4.2.1 Une première étape obligatoire

L'étape préliminaire consistant à choisir les facteurs de risque sur lesquels vont être projetés les différentes lignes des portefeuilles est primordiale. Il existe, en effet, un nombre important de titres et de produits dérivés, et ce, sur différentes places boursières. Donc un nombre important de taux de change et un nombre tout aussi important de maturités possibles pour ces produits. De plus, toutes ces caractéristiques peuvent être combinées et donner ainsi une infinité de titres possibles.

Le choix des facteurs de risque est l'un des problèmes les plus épineux que nous ayons rencontré. Il faut, en effet, effectuer un savant arbitrage entre la précision des résultats, la cohérence des facteurs retenus, leur interprétabilité par les gérants et une économie des moyens de calculs.

De ce fait, les facteurs de risque que nous avons décidé de retenir ne concerne que cinq pays : l'Allemagne, les États-Unis, la France, le Japon et le Royaume Uni. On trouve :

  • Un taux directeur de la courbe des taux : le taux à deux ans pour les Etats-Unis, le Japon et le Royaume Uni, et le taux à trois mois pour l'Allemagne.
  • La courbe des taux via certains spreads (sauf pour la France).
  • Les taux de change par rapport au Dollar (sauf pour la France).
  • Un indice boursier (DAX, S&P500, CAC, NIKKEI et FSTE).

Remarque : Pour la méthode de la matrice de variances-covariances estimée, RiskMetricsTM propose d'utiliser comme facteurs de risque :

  • 30 taux de change et 30 indices boursiers nationaux pour la représentation des actions à l'aide de leur  bêta.
  • 14 points de la courbe des taux d'intérêt zéro-coupon pour la représentation des instruments à taux fixe comme les obligations.
  • un panel représentatif de matières premières.

4.2.2 Des besoins spécifiques

Écureuil Gestion a des besoins très spécifiques en matière de gestion du risque et nous avons été contraint de choisir la méthode qui satisfasse au mieux les attentes des gestionnaires. De ce fait, nous ne ferons ici qu'une présentation des méthodes de la matrice des variances-covariances estimée et de l'analyse historique, et justifierons notre choix pour la méthode de Monté Carlo.

4.2.3 Méthode de la matrice des variances-covariances estimée

La méthode de la matrice des variances-covariances estimée est à ce jour la plus utilisée dans le monde et ce grâce à une banque américaine : JP. Morgan. Le développement de cette méthode par JP. Morgan dans le début des années 1980 a permis à la Value at Risk de connaître son succès actuel. D'ailleurs, il arrive très souvent que les spécialistes appellent cette méthode la "VaR JP. Morgan".

Cette technique nécessite préalablement à son calcul deux étapes importantes : tout d'abord, la détermination des facteurs de risque en lesquels les actifs présents dans les différents portefeuilles peuvent être décomposés, et ensuite la répartition des différents cash-flows associés à ces facteurs de risque.

Des hypothèses contraignantes :

Tous les fondements de cette méthode reposent sur la normalité des facteurs de risque et des rendements des différents actifs. Cette hypothèse permet, en effet, de simplifier énormément le calcul de la VaR puisque cette dernière devient un simple multiple de l'écart type du portefeuille, qui est lui même une fonction linéaire des écarts types et des covariances des différents actifs présents dans le portefeuille.

La méthode présuppose donc l'évaluation des moyennes et des variances de tous ces facteurs. Toutefois, ces moyennes et variances ne sont pas calculer grâce à la méthode historique standard mais suivant une pondération qui accorde plus d'importance aux observations récentes. On définit un l 5 compris entre 0 et 1 (plus il est proche de 1 et plus le passé proche est important) et on calcule les paramètres suivants :


s12
=
(1-l) T
å
j=1 
lj-1 æ
è
Rt-j-

R
 
ö
ø
2
 
s12,t
=
(1-l) T
å
j=1 
lj-1 æ
è
R1,t-j-

R
 

1 
ö
ø
æ
è
R2,t-j-

R
 
2 ö
ø

Cette pondération permet de ne pas garder en mémoire toutes les données intervenant dans les formules. En effet, si on suppose T très grand, on peut facilement obtenir les formules de récurrence suivantes :


st+12
=
lst2 + (1-l) æ
è
Rt-

R
 
ö
ø
2
 
s12,t+1
=
ls12,t + (1-l) æ
è
R1,t-

R
 

1 
ö
ø
æ
è
R2,t-

R
 

2 
ö
ø

Par ailleurs, si on veut utiliser dans le calcul de la VaR les paramètres obtenus lors de l'estimation sur un échantillon des variations de prix passées, il est nécessaire de supposer la stationnarité des processus considérés.

Calcul de la VaR pour un portefeuille de valeurs linéaires

Considérons un portefeuille constitué de N actifs6 en nombres respectifs n1,...,nN s'exprimant à partir des facteurs de risque X1,...,Xn :


pj = aj1 X1 + ... + ajn Xn        j = 1,...,N

La valeur du portefeuille s'écrit


pp(t)
=
N
å
j = 1 
nj pj(t)
=
n
å
k = 1 
æ
è
N
å
j = 1 
nj ajk ö
ø
Xk(t)

et ses variations entre les dates t - 1 et t


Dpp(t)
=
n
å
k = 1 
æ
è
N
å
j = 1 
nj ajk ö
ø
( Xk(t)-Xk(t-1) )
=
n
å
k = 1 
æ
è
N
å
j = 1 
nj ajk Xk(t-1) ö
ø
Xk(t) -Xk(t-1)

Xk(t-1)
=
n
å
k = 1 
xk(t-1) Dk(t)

où xk(t-1) peut s'interpréter comme le montant investi en (t-1) dans le kième facteur de risque.

On suppose que l'horizon de calcul de la VaR est l'époque 1 et que la période à laquelle on effectue les calculs est l'époque 0. On suppose également connus :

Les positions actuelles en les différents facteurs de risque :


xk(0) = xk        k = 1,...,n

L'estimation des moyennes et variances historiques :


E[ Dk(1) ]
=
Ek                     k = 1,...,n
Var( Dk(1) )
=
sk2 = skk            k = 1,...,n
Cov( Dk(1) , Dl(1) )
=
skl                     k,l = 1,...,n

Et on calcule ainsi la VaR grâce à l'équation:


VaRq
=
-E[ Dpp ] + zq s( Dpp )
=
- n
å
k = 1 
xk Ek + zq   æ
Ö

n
å
k = 1 
n
å
l = 1 
xk xl skl
 

Cas particulier des actions

On traite les actions par un modèle comparable au modèle à indice simple de Sharpe. Ce modèle postule que la variation de prix d'une action est une fonction du premier degré de la variation d'un indice représentatif du marché.


Dpj = aj + bj DI + Dej        j = 1,...,N

a et b 7 s'évaluent par les techniques standards de régression.

Dans ce cas, il est facile d'obtenir :


VaRq = -a P - bP EI + zq   æ
Ö

bP2 sI2 + N
å
j = 1 
nj2 sej2
 

Calcul de la VaR pour un portefeuille de valeurs non linéaires

Les produits non linéaires représentent un réel problème pour la technique de la matrice des variances-covariances estimée car l'application de cette méthode est basée sur le fait qu'une combinaison linéaire de variables normales est distribuée suivant une loi normale.

Pour palier à ce problème, on suppose que les variations de prix du sous-jacent sont distribuées suivant une loi normale et on effectue un développement de Taylor du modèle d'évaluation retenu. Il convient de pousser le développement jusqu'à l'ordre 2 afin de tenir compte des évolutions de prix du sous-jacent.

On va considérer plus particulièrement le cas d'une option évaluée grâce à la formule de Black & Sholes :


Dpt
=
fS'¢(St,K,t,st,RF) DSt + 1

2
fSS"¢¢(St,K,t,st,RF) (DSt)2+fK'¢(St,K,t,st,RF) DK
+ ft'¢(St,K,t,st,RF) Dt + fs'¢(St,K,t,st,RF) Dst + fR'¢(St,K,t,st,RF) DRt
=
D.DSt + 1

2
G.(DSt) 2 + fK'¢.DK - Q.Dt + V.Dst + P.DRt

Dans la pratique, on se limite principalement aux paramètres D, G et Q :


Dpt = D.DSt + 1

2
G.(DSt)2 - Q.Dt

La distribution de Dpt est ensuite déterminée en recherchant dans la famille des distributions de Johnson, celle qui égalise les quatre premiers moments de Dpt :


E[ Dpt ]
=
1

2
G.st2 - Q.D t
Var( Dpt )
=
D2.st2 + 1

2
G2.st4
g1( Dpt )
=
G.st (3D3 + G2.st2)

æ
è
D2 1

2
G2.st2 ö
ø
[3/2]

 
g1( Dpt )
=
3 é
ë
(1-D4) + 3D2.G2.st2 3

4
G4.st4 ù
û

D2 1

2
G2.st4

Plus précisément, parmi les quatre relations


DSt
=
a + b Dpt-c

d
DSt
=
a + b.ln æ
è
Dpt-c

d
ö
ø
DSt
=
a + b.arcsinh æ
è
Dpt-c

d
ö
ø
DSt
=
a + b.ln æ
è
Dpt-c

c + d-Dpt
ö
ø

qui définissent respectivement des lois normales, lognormales, non bornées et bornées. On détermine la loi et les paramètres a, b, c, d tels que DSt suit une loi normale de moyenne nulle et d'écart type st.

On reprend ensuite la définition initiale de la VaR basée sur le quantile


Pr
[ Lt £ VaR ] = q

et on résout l'équation St = - zq par rapport à Dpt.

En conclusion  

La présente méthode d'évaluation de la VaR détermine, dans un premier temps, le paramètre VaR pour chacun des facteurs de risque séparément, puis dans un deuxième temps, les agrège par l'intermédiaire de la matrice des variances-covariances estimée. De ce fait, cette méthode est souvent présentée comme une "méthode locale" de calcul de la VaR en opposition avec les méthodes qui déterminent directement la VaR du portefeuille sans calculer celles des facteurs de risque pris séparément.

La méthode de la matrice des variances-covariances estimée est donc une bonne méthode à condition que les hypothèses de base (normalité conditionnelle, linéarité, stationnarité) soient satisfaites. Pour cela, il est parfois nécessaire d'effectuer un traitement particulier sur certains titres complexes (les options par exemple). Mais, le principal reproche de cette méthode est qu'elle demande un volume très important de données.

4.2.3 Méthode historique

La méthode d'estimation de la VaR par analyse historique repose sur l'hypothèse que la distribution des variations de prix observée à partir de l'historique va se reproduire dans l'avenir. Dans les faits, cela revient à supposer que les variations de prix des différents facteurs de risque sont stationnaires.

Comme précédemment, il convient de bien identifier les facteurs de risque qui nous permettrons de déterminer la valeur des actifs en portefeuille.

On évalue ensuite les variations relatives de chaque facteurs de risque :


Dk(t) = Xk(t) - Xk(t-1)

Xk(t-1)
        k = 1,...,n         t = -T+1,...,0

Les données présentes nous permettent alors d'estimer la distribution des valeurs futures des facteurs de risque


Xk(t) (1) = Xk(0).(1+Dk(t))        k = 1,...,n         t = -T+1,...,0

et donc la distribution de la perte encourue


Lk(t) = Xk(0) - Xk(t)(1) = - Dk(t).Xk(0)         k = 1,...,n         t = -T+1,...,0

Cas particulier d'un actif

Considérons un actif dépendant de plusieurs facteurs de risque p = f(X1,...,Xn) dont on souhaite déterminer la VaR. On évalue les variations futures des facteurs de risque X1(t)(1),...,Xn(t)(1) en utilisant la méthode ci-dessus. De là, on déduit une estimation de la distribution du prix futur de l'actif


p(t)(1) = f( X1(t)(1),...,Xn(t)(1) )         t = -T+1,...,0

et par différence, une estimation de la distribution de la perte subie


L(t) = p(0) - p(t)(1)          t = -T+1,...,0

Quelques remarques importantes

Dans le cas d'un portefeuille, la méthode est similaire à celle d'un actif isolé. On termine simplement l'estimation de la VaR en déterminant la distribution de la perte subie par le portefeuille


L(t)
=
pP(0) - pP(t)(1)
=
N
å
j = 1 
nj pj(0) - N
å
j = 1 
nj pj(t) (1)

Il est déconseillé de calculer la VaR en utilisant la formule suivante


VaRq = E[ Lt ] + zq.s(Lt)

car cette dernière suppose la normalité de la distribution alors que cette méthode en est indépendante.

La CHASE MANHATTAN BANK N.A., dans son système RiskTM d'évaluation de la VaR, propose pour le calcul d'une VaR à 1 jour d'utiliser un historique de T = 100 jours.

Exemple d'un portefeuille action

Considérons un portefeuille constitué de cinq actions en nombres respectifs


n1 = 3,  n2 = 2,  n3 = 5,  n4 = 4,   n5 = 6

pour lesquels on a observé les cours à 11 époques (T=10).

t C1 C2 C3 C4 C5
-10 12800 23475 1238 2800 129
-9 13150 23150 1236 2765 134
-8 12150 21875 1168 2715 145
-7 11100 21400 1234 2689 168
-6 11725 22100 1310 2599 179
-5 11950 21650 1262 2465 168
-4 12025 22650 1242 2536 164
-3 12325 21000 1170 2497 171
-2 13675 23625 1260 2468 176
-1 14300 24150 1342 2500 165
0 14800 25825 1530 2365 160


On calcule les variations relatives Dk(t) pour t = -9,...,0 :


D1(-9) = 13150 - 12800

12800
= 0.0273

t Delta1 Delta2 Delta3 Delta4 Delta5
-9 0,027 -0,014 -0,002 -0,013 0,039
-8 -0,076 -0,055 -0,055 -0,018 0,082
-7 -0,086 -0,022 0,057 -0,010 0,159
-6 0,056 0,033 0,062 -0,033 0,065
-5 0,019 -0,020 -0,037 -0,052 -0,061
-4 0,006 0,046 -0,016 0,029 -0,024
-3 0,025 -0,073 -0,058 -0,015 0,043
-2 0,110 0,125 0,077 -0,012 0,029
-1 0,046 0,022 0,065 0,013 -0,063
0 0,035 0,069 0,140 -0,054 -0,030


ainsi que les valeurs estimées pour la prochaine période :


X1(-9) = 14800 × ( 1 + 0.0273 ) = 15204.7

t X1(1) X2(1) X3(1) X4(1) X5(1)
-9 15204,69 25467,47 1527,53 2335,44 166,20
-8 13674,52 24402,67 1445,83 2322,23 173,13
-7 13520,99 25264,23 1616,46 2342,35 185,38
-6 15633,33 26669,74 1624,23 2285,84 170,48
-5 15084,01 25299,15 1473,94 2243,06 150,17
-4 14892,89 27017,84 1505,75 2433,12 156,19
-3 15169,23 23943,71 1441,30 2328,63 166,83
-2 16421,10 29053,13 1647,69 2337,53 164,68
-1 15476,42 26398,89 1629,57 2395,66 150,00
0 15317,48 27616,17 1744,34 2237,29 155,15


On détermine alors la valeur du portefeuille en t=0 et les estimations des valeurs futures :


pP(-9)(1) = 3×15204.7 + 2×25467.5 + 5×1527.5 + 4×2335.4 + 6×166.2 = 114525.6

t pP(0) pP(1) L
-9 114120,00 114525,59 -405,59
-8 114120,00 107385,78 6734,22
-7 114120,00 109655,38 4464,62
-6 114120,00 118526,87 -4406,87
-5 114120,00 113093,29 1026,71
-4 114120,00 116912,73 -2792,73
-3 114120,00 110917,13 3202,87
-2 114120,00 125946,20 -11826,20
-1 114120,00 117857,54 -3737,54
0 114120,00 119786,55 -5666,55
Enfin, la fonction de répartition des pertes permet d'obtenir l'estimation de la VaR.

On déduit ainsi aisément les valeurs :


VaR0.95
=
6734.22
VaR0.05
=
-5666.55



En conclusion

Le principal reproche que l'on peut formuler à l'encontre de cette méthode est le suivant : il suffit qu'un petit nombre d'observations sortent de l'ordinaire pour que la valeur de la VaR soit influencer pendant une longue période (égale à la durée des historiques). Ainsi, une erreur de mesure ou une valeur exceptionnelle peuvent avoir des effets désastreux sur l'estimation de la VaR 8.

En revanche, cette méthode possède l'avantage d'être une méthode simple, flexible et robuste. Les hypothèses sont peu exigeantes et les données nécessaires peu nombreuses.

4.2.4 La VaR Monté Carlo classique

La simulation de Monté Carlo9 est généralement utilisée lorsqu'il est difficile de déterminer la loi de probabilité d'une distribution grâce à un raisonnement mathématique. C'est une technique très puissante mais très lourde à mettre en uvre et il convient d'analyser, comme nous l'avons fait ci-dessus, les différentes approches possibles avant de faire son choix.

Nous présentons ici la méthodologie classique d'estimation de la VaR par la technique de Monté Carlo en l'appliquant tour à tour au cas d'un facteur de risque et d'un portefeuille.

Pour un facteur de risque

Avant de s'attaquer au problème d'estimation de la VaR, il convient de réfléchir plus particulièrement au modèle d'évaluation du facteur de risque que l'on va considérer. Généralement, on retient plusieurs modèles d'évaluation et on choisit pour chaque facteur de risque le modèle qui sera le plus adapté. On retiendra par exemple une distribution normale ou un mouvement brownien géométrique selon que l'on considère le return d'une action ou celui d'une option.

A partir des observations passées du facteur de risque X(t) pour t = -T+1,...,0, on estime les paramètres du modèle d'évaluation relatifs à ce facteur. On peut ensuite simuler un grand nombre M de valeurs futures du facteur de risque


X(t)(1)         t = 1,...,M

et on détermine la loi de distribution de la perte encourue


L(t) = X(0) - X(t)(1)         t = 1,...,M

et ainsi la valeur de la VaR.

Pour un portefeuille

On suppose comme précédemment que les N actifs constituant le portefeuille sont fonctions d'un ou plusieurs facteurs de risque X1,...,Xn


pj(0) = fj ( X1(0),...,Xn(0) )

Avant de générer les valeurs futures des facteurs de risque, on détermine la matrice de variance-covariance10 et on effectue une décomposition de Choleski11. On peut ainsi prendre en compte la structure de corrélation des facteurs de risque.

Une fois les Xk(t)(1) générés, on estime par substitution la valeur future des actifs constituant le portefeuille


pj(t)(1) = fj ( X1(t)(1 ,...,Xn(t) (1) )

et ainsi, la valeur future du portefeuille


pP(1)
=
N
å
j=1 
nj pj(1)
=
N
å
j = 1 
nj fj ( X1(t)(1),...,Xn(t)(1) )

Enfin, par différence avec la valeur initiale du portefeuille, on obtient la valeur future de la perte subie


L(t) = pP(0) - pP(t)(1)

En conclusion

L'approche Monté Carlo a deux caractéristiques majeures que ne possèdent pas les approches historique ou de J.P. Morgan et qui ont motivé notre choix :

  1. En premier lieu, elle ne suppose aucune hypothèse distributionnelle et notamment aucune hypothèse de normalité. On évite ainsi de sous-évaluer la valeur de la VaR lorsque les distributions ont des queux plus épaisses. Elle ne formule pas non plus d'hypothèse sur la linéarité des prix des actifs.
  2. Cette méthode est par ailleurs la seule qui puisse être adaptée au calcul d'une VaR à plus long terme comme le nécessite les SICAV d'Ecureuil Gestion.

4.2.4 La VaR Monté Carlo "Écureuil Gestion"

L'approche Monté Carlo classique de la VaR, telle qu'elle peut être présentée par la Bankers Trust dans son système RaRoc2020TM, comporte une différence notable avec celle que nous avons décidée de retenir à Ecureuil Gestion. On ne pose en effet aucune hypothèse sur les processus suivis par les facteurs de risque (normalité ou leptocurticité du cours des actions, mouvement brownien géométrique des variations relatives, etc.). Ces derniers ont été modélisés dans la première partie de ce rapport et les seules hypothèses que l'on formule portent sur la distribution des variables fondamentales retenues : la loi de distribution de leurs variations absolues est décrite par une loi normale.

En pratique, notre méthodologie est la suivante :

  1. On génère tout d'abord autant d'aléas (de même longueur que la VaR) qu'il n'y a de fondamentaux dans les différents modèles. On utilise un historique pour estimer la matrice de variance-covariance de ces fondamentaux et on peut ainsi prendre en compte les corrélations qui peuvent exister entre ces derniers (décomposition de Choleski).
  2. On détermine ensuite les valeurs futures des différents facteurs de risque en se basant sur les modèles économétriques que l'on a déterminés précédemment. On simule pour cela autant de bruit blanc 12 que d'équation de court terme et on obtient ainsi les variations simulées de chaque facteur de risque.
  3. Ces facteurs de risque simulés, on projète ou réévalue, selon le choix de modèle que l'on a retenu, les différentes lignes du portefeuille. Le choix du modèle d'évaluation est réalisé en fonction de la qualité des méthodes de projection et de l'existence ou non d'une formule fermée d'évaluation.
  4. Grâce à ces modèles, on calcule la valeur du portefeuille en fin de scénarios et on déduit la perte subie sur la période considérée. On reprend ensuite la première étape et on recommence la procédure autant de fois que nécessaire pour obtenir la précision souhaitée.
  5. Enfin, on peut déterminer la distribution des pertes subies et ainsi déduire la valeur de la VaR au niveau de risque voulu et sur la période considérée.

5. Conclusion générale

Le modèle économétrique que nous avons mis au point repose sur l'existence de relations de coïntégration, c'est à dire sur l'existence de sentiers de croissance communs entre les variables macro-financières. Nous avons, pour cela, utilisé une méthodologie s'inspirant principalement des travaux de Engel & Granger [1987] et de Gregory & Hansen [1996]. Le modèle estimé rend compte de la dynamique des facteurs de risque de cinq pays : Allemagne, Etats-Unis, France, Japon et Royaume Uni. Pour chacun de ces pays, la courbe des taux d'intérêts (via un taux directeur et des spreads de taux) a été modélisé, ainsi qu'un indice boursier et le taux de change.

Mais, ce modèle doit connaître des évolutions de nature à améliorer la lisibilité et ce notamment en uniformisant les ruptures structurelles que l'on a introduit dans les relations de long terme. Il serait intéressant d'obtenir, pour un même pays, les mêmes dates de ruptures des relations cibles. Par ailleurs, sont apparus, au cours de la modélisation, des problèmes sérieux d'hétéroscédasticité pour les résidus des relations de court terme qui n'ont pu que partiellement être résolu. Il conviendrait de se pencher plus longuement sur ces problèmes et ainsi corriger plus justement cette hétéroscédasticité.

La méthode d'estimation du critère Value at Risk que nous avons décidé de retenir est basée sur la technique de simulations de  Monté Carlo. Cette méthode consiste à diffuser dans le temps certaines variables un grand nombre de fois de manière à déterminer la loi de distribution des pertes encourues par un portefeuille. L'utilisation du modèle économétrique assure, lors de la diffusion des facteurs de risque, une meilleure cohérence et donc une meilleure précision. On génère des fondamentaux en respectant leur tendance de long terme et leur volatilité autour de cette tendance.

Mais, si la méthode Monté Carlo est résolument la plus adaptée à nos espérances, de nombreux points restent encore à étudier. En premier lieu, il convient d'ajuster au mieux les modèles d'évaluation des différents produits présents dans les portefeuilles. Doit-on simplement projeter une option sur les facteurs de risque caractérisant l'actif sous jacent ou vaut-il mieux projeter l'actif sur ses facteurs de risque caractéristiques et ensuite évaluer l'option (avec Black & Scholes par exemple) ?

Par ailleurs, comment doit-on gérer les lignes du portefeuille dont la maturité est antérieure à l'horizon de calcul du critère VaR ? Vaut-il mieux solder les positions en question et mettre le cash dans un basket rapportant le taux sans risque ou serait-il plus préférable de réinvestir ce dernier sur un benchmark ? Autant d'interrogations donc qui demanderont sans doute de nombreuses réflexions et de toutes aussi nombreuses expérimentations.

Écureuil Gestion a pour ambition de mettre au point des outils d'aide à la décision et de gestion du risque combinant à la fois une méthodologie Value at Risk, des techniques de simulations Monté Carlo et une modélisation économétrique. Ce projet n'est encore qu'au stade expérimental et la présentation que nous en avons fait est loin d'être complète. Elle demandera sans doute de nombreuses précisions et améliorations. Mais, des résultats importants pouvant servir de point de départ aux réflexions à venir ont pu être mis en évidence.

Références

- BEST, Philip, Implementing Value at Risk, Wiley Financial Engineering.
- BOLLERSLEV, CHOU, JAYARAMAN, KRONER [1991], Les modèles ARCH en finance: un point sur la théorie et les résultats empiriques, Annales d'économie et de statistique.
- DE LA BRUSLERIE, Hubert, Gestion obligataire internationale, Economica.
- DOWD, Kevin, Beyond Value at Risk : the new science of risk management, Wiley frontiers in finance.
- ESCH, KIEFFER, LOPEZ, Value at Risk : vers un risk management moderne, DeBoeck Université.
- GREENE, H. William, Econometric analysis, Prentice Hall International Editions.
- HAMILTON, D. James, Time series analysis, Princeton University Press.
- SHREVE, Steven, Stochastic calculus and finance, Carnegie Mellon University.
- SIMON, Yves, Encyclopédie des marchés financiers, Economica.


Footnotes:

1 Il n'est pas certain qu'avec la réforme actuelle des Caisses d'Épargne, cette situation reste telle que je l'ai connue.
2 Il ne s'agit d'une vrai perte que lorsque la valeur de Ls,t est positive. Dans le cas contraire, il s'agit d'un bénéfice.
3 On notera VaRq une VaR avec une probabilité q lorsqu'il y aura un risque de confusion.
4 Les rendements quotidiens des actions ont par exemple une distribution de Pareto ou de Student.
5RiskMetricsTM utilise en pratique des valeurs de l égales à 0.94 et 0.97 pour une périodicité des observations égale respectivement à 1 jour et à 1 mois. Ces valeurs ont été obtenus en optimisant un critère de qualité des prévisions.
6On peut considérer identiquement des obligations, des actions, des positions de change, des matières premières, des swaps d'intérêt et de change, des FRA, ...
7Le coefficient b mesure la sensibilité de l'actif en question par rapport à l'indice : plus b est grand, plus une variation sur le marché sera répercutée sur le prix de l'action.
8L'approche par la théorie des valeurs extrêmes peut aider à résoudre ce problème.
9Pour les méthodes de simulations de Monté Carlo, la précision des paramètres estimés est proportionnelle à [1/(Ön)], n étant le nombre de simulations effectuées. Pour 10.000 simulations, on obtient donc une précision de l'ordre de 1%. Toutefois, il est possible d'améliorer cette précision en utilisant des techniques de réduction de la variance, les principales utilisées étant "l'approche antithétique" et "la méthode d'égalité des moments". Toutes ces techniques sont détaillées dans Boyle, Broadie et Glasserman [1997, pp. 1267-1321] : "Monte Carlo methods for security pricing", Journal of Economic Dynamics and Control.
10On peut pour cela utiliser l'historique qui a servi à l'estimation des paramètres de leur modèle respectif.
11Soit A une matrice symétrique définie positive, il existe une matrice triangulaire inférieure L à éléments diagonaux strictement positifs telle que
A=LLT
12C'est à dire un aléa généré sur la base d'une loi normale centrée et de même variance que celle obtenue lors de l'estimation.
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